Témoignage d'Edouard ROT sur les exactions allemandes à la maison de la Pépinière à Plouaret
Je soussigné Edouard Rot coiffeur à Plouaret, avoir été arrêté par les Allemands le dimanche 23 avril 1944 à 7 heures du matin.
J'ai été interné à la Feldgendarmerie où peu de temps après sont arrivés six patriotes : Le Pape, Faujouron, Henaff, Guerson, Daniel, Pastol.
Les feldgendarmes ont fait monter Le Pape ; nous avons entendu des coups et les hurlements du jeune homme, il fut ensuite jeté du haut de l'escalier les mains liées derrière le dos. En breton il me dit qu'il avait reçu des coups de cravache et de pied dans toutes les parties du corps. Les liens des poignets étaient serrés jusqu'au sang. Le sergent-bourreau Alfret devant nous, au rez-de-chaussée, lui a tordu les oreilles jusqu'à ce que le sang coule. Le Pape hurlait d'une façon affreuse ; et pendant ce temps six Allemands avaient leurs mitraillettes braquées sur nous.
Après Le Pape ce fut le tour de Faujouron qui descendit l'œil droit sorti de l'orbite et le gauche complètement fermé, les dents brisées et le nez écrasé. Ensuite vint le tour de Daniel, il fut aussi battu de toutes les manières mais il avait le visage intact ; ce que voyant, le sergent Alfret, en bas, devant nous, lui fit tirer ses sabots à coups de bottes dans les chevilles, il lui écrasa à coups de talons les doigts de pieds et la tête renversée il lui martela le visage d'une vingtaine de coups de poings, lui prit les cheveux, lui fracassa le nez et les dents sur le mur.
Le petit Henaff, 17 ans, monta aussi, et étant tellement battu, nous dit en breton, avoir avoué des choses qu'il n'avait jamais faites. Les autres subirent le même sort (et tous les jours).
On les fit manger vers 2 heures et on leur enleva leurs liens chacun leur tour, le sergent venait remettre les liens et les resserrait jusqu'au sang.
Ces jeunes gens disaient qu'ils préféraient se passer de manger plutôt que de recommencer à leur tirer les liens et les remettre ainsi.
A Plouaret le 27/9/44.
Signé : E.ROT.